En Haïti, aucune rencontre officielle de football n’a été disputée depuis juin 2021, période durant laquelle les Dirigeants de la FHF et ceux du MJSAC s’entendaient pour suspendre toutes les activités sportives en raison de la pandémie de COVID-19. Depuis lors, joueurs et joueuses œuvrant dans les différents championnats nationaux sont au chômage prolongé. Mais, outre les footballeurs (es), quels sont les modes de vie des arbitres 3 ans depuis l’arrêt des compétitions nationales? Que deviennent-ils? Certains ont décidé de briser le silence et se confier à FOOTGOL.
Les arbitres haïtiens font partie des catégéries d’athlètes ou sportifs appauvris financièrement par la décision datée depuis 3 ans des autorités de la FHF et du Ministère des sports de suspendre toutes les compétitions nationales de football.
Pour mieux comprendre les conditions de vie de cette couche, la rédaction de l’agence haïtienne de presse sportive en ligne FOOTGOL a interviewé 4 parmi ceux et celles roulant leur bosse en 1ère et 2ème division haïtienne. Ils répondent aux noms de Jean Evensk Desjardins, Louis Loudwige, Lacruz Lawong et Valéry Éloi, entre autres.
Leurs modes de vie, les moyens de subsister pour faire face au coût de la vie depuis la mise à l’arrêt des compétions, les supports financiers de la Commission Nationale des Arbitres (CONA) et de la Fédération Haïtienne de Football (FHF), ont été, entre autres les différents points abordés lors des entretiens.
Aucune possibilité pour qu’un arbitre vit seulement de l’arbitrage en Haïti !
Répondant à la question de FOOTGOL sur son mode de vie professionnelle en dehors des compétitions nationales, Jean E. Desjardins répond en toute liberté.
« Tout d’abord, je suis un professionnel. J’ai toujours considéré l’arbitrage comme une passion et un passe-temps. Je vis de mes activités professionnelles même avant d’être arbitre. Il y a aucune possibilité pour qu’un arbitre vit de l’arbitrage en Haïti », a-t-il déclaré.
Le rêve de Loudwige Louis tué dans l’œuf
Pour Loudwige Louis, pendant les trois (3) années d’arrêt des championnats nationaux, elle s’est concentrée davantage sur ses études universitaires.
« En tant que jeune femme arbitre, je croyais que grâce à mes études et à force d’être une rude travailleuse, je pourrais réaliser mon rêve de devenir arbitre internationale de la FIFA. Mais, avec la tournure que prend le pays , je dois abandonner ce rêve pour me consacrer aux études universitaires », avance t-elle.
Quant à Lawong Lacruz, il a dit ne pas compter sur les matches qu’il a arbitré pour gagner sa vie quotidienne. « Je ne vis pas des championnats nationaux», a déclaré l’arbitre.
Valéry Éloi, un arbitre professionel dans la peau d’une tierce personne
Tout comme certains (es) joueurs (es), la suspension officielle des activités sportives en Haïti a compliqué la vie d’autres professionnels. C’est le cas de l’arbitre Valéry Éloi. Ce dernier qui, en déhors de l’arbitrage, n’a pas d’autres cordes à son arc, simplifie sa vie pour s’adapter à la réalité du pays.
« Depuis la suspension des tournois nationaux, je mène une vie simple comme tout le monde avec un titre d’arbitre collé à mon dos (dans la rue, à l’église etc…), puis rien », se confie t-il.
Et que font ces arbitres pour gagner de l’argent afin de subvenir à leur besoin quotidien? S’adonnent-ils à d’autres activités génératrices de revenues comme les championnats de vacances ? Ils répondent à tour de rôle.
« Je suis satisfait de mes activités professionnelles. Et parfois des activités de l’entreprise familiale. Je n’ai pas vraiment le temps pour les championnats de vacances, vu mes occupations. Mais j’ai officié au maximum dans 3 matches pendant les tournois de vacances », lâché Jean E. Desjardins.
À l’instar de Jean E. Desjardins, l’arbitre femme, Loudwige Louis marie le business et l’arbitrage. « Lorsque j’ai décidé d’intégrer l’arbitrage, je ne me suis pas concentrée uniquement sur cette profession. Je continue avec mes études et sans négliger d’apprendre un métier professionnel valable pour répondre à mes besoins. Ajouter à cela, j’ai des affaires et j’arbitre aussi dans les championnats de vacances», a enchéri la dame.
À son tour, Lawong Lacruz, pour répondre aux exigences de la vie actuelle, il s’en est remis à son entreprise, se réjouit l’arbitre. « Oui, j’ai une entreprise, un bar », a t-il conclu.
Valéry Éloi est le dernier à se prononcer les activités qu’il entreprend pour gagner sa vie. Il se veut clair : « Normalement, j’ai toujours reconnu l’arbitrage comme étant ma passion et non une profession. Je suis un professionnel avant même de me confier à cette discipline. Je suis professeur, plombier, ingénieur du son, entre autres, professions. Et de fait, j’ai une entreprise de son, ce sont mes activités génératrices de revenues. En effet, j’ai arbitré dans les championnats de vacances, mais dans des endroits respectueux et respectés où il y a de bonnes structures », dévoile M.Éloi.
Les arbitres ne reçoivent-ils un soutien financier de la FHF ou de la CONA ? Par mois ? Par semaine ? Comment ?
Avant que toutes les compétitions sportives haïtiennes soient au point mort, les arbitres recevaient une rémunération pour chaque match auxquels ils avaient officié, quoique insuffisante. Cependant, la vie n’est pas toute rose pour les arbitres depuis de cela 3 ans qui ne bénéficient d’aucune assistance financière de la CONA ni de la FHF.
« Je dois être honnête! Nous n’avons pas de soutien financier ni de la Commission Nationale des Arbitres (CONA), ni de la Fédération Haïtienne de Football (FHF). Même lorsqu’il y avait de championnats nationaux, les arbitres ne recevaient qu’une pitance des Dirigeants. Parfois, ils ne veulent même pas la donner. Depuis que les championnat soient arrêtés, aucun support ni de soutien financier aux arbitres », a expliqué Jean E. Desjardins.
Les déclarations de M. Desjardins ne sont pas contraires à celles de Loudwige Louis. « Ni la CONA ni la FHF ne nous viennent en aide. Quand il n’y a pas d’activités liées au football , elles oublient l’existence des arbitres. En résumé, pas de championnat, pas d’argent pour nous. Et c’est l’une des raisons principales que les syndicats des arbitres haïtiens luttent pour faire respecter nos droits en tant que professionnels », nous dit-elle.
Lawong Lacruz et Valéry Éloi abordent la question dans le même sens. « Non, aucun support financier de leur part », a persisté et signé le premier, soutenu dans ses propos par le second. « Non, pas de support. Quand il y avait les championnats nationaux, les dirigeants ne savaient même pas comment nous soutenir », a-t-il fustigé.
Malgré les mauvais traitements qui leur sont infligés, les arbitres avec qui nous avions parlé, se disent pour la reprise de toutes les compétitions nationales, comme le veulent les syndicats d’arbitres. Avant toute chose, il faudra des changements radicaux dans l’organisation afin que les conditions de tous les sportifs s’améliorent.