Un milieu offensif du Championnat Haïtien de Football Professionnel (CHFP) s’est confié le vendredi 3 Mars 2023, à « FOOTGOL ». Lors de cette interview exclusive, le joueur, sous couvert de l’anonymat, confirme qu’il percevait entre 250 000 à 300 000 gourdes pour une « Série » de competition officielle, hormis les primes de match. Cependant, depuis l’arrêt des activités sportives dans le pays, il s’amuse dans les championnats de vacances, tournois qui lui rapportent beaucoup plus d’argent qu’un tour de championnat, avoue t-il.
En raison de la pandémie de COVID-19 qui contamine et tue de nombreuses personnes en Haïti, le Ministère de la Jeunesse des sports et de l’Action Civique (MJSAC) avait suspendu provisoirement toutes les activités sportives sur tout le territoire national. Cette décision a été scellée à travers un communiqué en date du 3 juin 2021, signé du ministre d’alors, Ronald Gérard D’Mézard. Depuis lors, rien n’a été décidé du sort des différents championnats nationaux, malgré la présence de Raymonde Rival comme étant la nouvelle Ministre des Sports.
C’est dans cette optique que la rédaction de FOOTGOL s’est entretenu avec un joueur d’un club de Première Division haïtienne. L’entretien a été réalisé avec lui autour de l’arrêt des activités sportives professionnelles dans le pays. Son mode de vie en dehors du Championnat, son salaire ainsi que le traitement reçu de la part des dirigeants de son club durant ce passage à vide, entre autres, ont été au centre des échanges.
Parmi les points évoqués, il a décidé de nous dévoiler en premier le montant qu’il percevait lorsque les activités sportives allaitent bon train.
Entre 250 000 et 300 000 gourdes par Série !
« Lorsque le championnat était en activité, le club ne me payait pas par mois, mais de préférence par tranche selon le montant inséré dans le contrat, en tenant compte de la masse salariale de l’équipe. Les joueurs ont été payés dépendamment de leur niveau ainsi que leur notoriété dans le championnat et en carrière. Le mien alternait entre 250 000 et 300 000 gourdes par tour sans compter les primes de match. Si j’avais la chance de disputer les Séries aller et retour, mon salaire avoisinerait jusqu’à 500 000 gourdes« , a t-il déclaré.
Jouer au foot en Haïti, entre l’amour et la passion !
Comme c’est le cas pour bon nombre de joueurs, faire du football une profession de prédilection est un mariage sacré entre l’amour et la passion, a rappelé le milieu offensif.
« En championnat, le payroll n’était pas régulier, mais par amour pour le football et pour le club sous les couleurs duquel j’évolue, je m’entraînais chaque jour pour être à point. D’ailleurs, il y des clubs pensionnaires du CHFP, le salaire des joueurs se repose sur les résultats de chaque match », se remémore t-il.
Que vaut ce montant à l’époque pour un jeune joueur de 23 ans?
« À l’époque, avoir 250 000 ou 300 000 gourdes en poche peut répondre à certains besoins premiers, mais cela ne suffit pas si tu n’as pas d’autres activités commerciales rentables. Parfois, il faut faire des gestes aux fans et qui vous supportent que ce soit à domicile , soit encore lors des déplacements périlleux, hormis votre famille. Certes, avec cet argent, j’avais les moyens pour m’offrir une voiture, mais j’avais choisi de l’investir afin d’en gagner plus« , a confirmé le joueur.
De belles offres d’autres clubs haïtiens?
« Oui, j’en ai recues par mal, notamment d’un club Capois après un premier tour réussi sur les plans collectif et personnel avec mon équipe. Malgré le deal était en ma faveur, j’ai dû tout abandonner pour des raisons sportives », regrette t-il.
Aucun lien avec les dirigeants du club depuis l’arrêt du CHFP!
Plus d’un, notamment les journalistes s’interrogent sur la prise en charge des joueurs par leur club respectif. Un élément de réponse nous met clair, selon les dires d’un concerné.
« Il n’est plus un secret de polichinelle pour personne que les clubs haïtiens n’ont pas les moyens pour s’occuper de la survie de leurs joueurs en raison de leur situation économique. Et le pire, pas de compétitions, alors que les contrats dépendent d’elles. Cependant, en décembre 2022, les Dirigeants de mon club avaient fait un geste envers chaque joueur. Et depuis lors, j’ai aucun lien direct avec eux, sinon que des salutations avec qui on était plus proche, mais ils ne savent même pas où tu es », déclare t-il.
Les Championnats de vacances, un atout !
Depuis plus de trois ans, la majorité des joueurs s’illustrent dans des championnats de vacances afin de gagner de l’argent pour répondre à leurs besoins ainsi que ceux des membres de leurs familles. C’est le cas de ce joueur qui a témoigné les bienfaits de ces compétitions.
« Les Championnats de vacances, notamment la compétition dénommée « MONDIALITO » me rapportent beaucoup plus d’argent par rapport à ce que je touchais pour une série de championnat de D1. Pas seulement moi, d’autres joueurs emboîtent aussi le pas. Et nous jouerons partout où ils nous appellent dans le cadre de notre profession. Pas besoin de dire que ces tournois sont plus rentables pour les joueurs que de miser sur un club ou sur une série de CHFP« , a enchéri le joueur.
En toute fin d’interview, le joueur dit rêver d’un retour des différents championnats nationaux dans le pays pour le bien-être du football haïtien.